NICOLAS DAUBANES
Vernissage inaugural le jeudi 21.10.2021 de 17h à 22h en présence de l’artiste
Rencontre avec Nicolas Daubanes le 9.11.2021 à 19h
« J’investis des questions essentielles : la vie, la mort, la condition humaine et les formes sociales qui les façonnent. Dans mes derniers travaux, la vitesse, la fragilité, la porosité, l’aspect fantomal des images et des matières, transmettent la pression du passé au croisement de ce qui va advenir. Mon travail s’inscrit dans la durée, il dessine un chemin, une trajectoire qui tend vers la recherche de la liberté, du dégage-ment de la contrainte. Je tâche d’expérimenter l’intensité et la rigueur, je joue avec le danger, mental, visuel, physique. »
Nicolas Daubanes réalise un travail autour du monde carcéral (dessins, installations, vidéos) issu de résidences immersives dans les maisons d’arrêt, depuis près de 10 ans. Depuis ses dessins à la limaille de fer aux monumentales installations de béton saboté au sucre, Nicolas Daubanes s’intéresse au moment combiné de la suspension et de la chute : il s’agit de voir avant la chute, avant la ruine, l’élan vital. La limaille de fer, matière fine et dangereuse, volatile, utilisée dans les dessins et walldrawings, renvoie aux barreaux des prisons, et par extension à l’évasion. Le béton chargé de sucre est inspiré du geste vain des résistants pendant la seconde guerre mondiale pour saboter les constructions du Mur de l’Atlantique. Temporaire et fugitif.
Pour cette exposition à la galerie BAG, Nicolas Daubanes a produit 6 nouveaux dessins illustrant des espaces sous contrôle : bunkers et palombières. Viennent s’y ajouter des dessins illustrant la chute de la Tour de Babel, des paysages saisis près du camp du Struthof en Alsace, de la montagne au lac de Serre-Ponçon… Silencieux, apaisés, ils se placent en disruption avec une sirène allemande remilitarisée et impossible à activer sous peine de briser les oeuvres et toutes les vitres du bâtiment.
Né en 1983 (FR). Vit et travaille à Marseille. Nicolas Daubanes a exposé dans de nombreuses institutions : la Villa Arson, les Abattoirs (FRAC Occitanie Toulouse), le FRAC Occitanie Montpellier, le MRAC Sérignan… Ses œuvres font partie de collections privées et publiques notamment les FRACs Occitanie Montpellier, Provence-Alpes-Côte-d’Azur…
Nicolas Daubanes est lauréat du Prix Yia 2016, du Grand Prix Occitanie d’art contemporain 2017 et du Prix Mezzanine Sud les Abattoirs 2017, du Prix des Amis du Palais de Tokyo, 2018. En 2019, 2020 il bénéficie d’expositions personnelles au FRAC Provence-Alpes-Côte-d’Azur, au Château d’Oiron et au Palais de Tokyo. En 2021, il est lauréat du Prix Drawing Now. En 2022, il présentera un solo show au Drawing Lab, ainsi qu’une grande installation au Centre Pompidou Metz.
R.C.I (Ration de Campagne Individualisée) 2021 21.5 x 15.5 x 10.5 cm
31 exemplaires Édition Cneai =
Dans le cadre de la relocalisation du marché de Lacapelle-Biron (Lot et Garonne) sur son emplacement d’avant-guerre, sur la place principale du village, Nicolas Daubanes crée une boîte de rationnement intitulée R.C.I. (Ration de campagne individualisée). En résidence à l’association Pollen à Monflanquin, Nicolas Daubanes a mené le projet « Aujourd’hui », visant à faire revivre le marché disparu de la place de Lacapelle-Biron, où il avait lieu avant la déportation tragique des jeunes hommes du village durant la seconde guerre mondiale. L’artiste s’est plongé dans les détails de l’évènement historique et a mené une enquête auprès des habitants, pour leur permettre de se réapproprier cet espace. Par ce geste, Nicolas Daubanes ancre le devoir de mémoire dans le présent, notamment grâce à l’implication de jeunes tout au long du projet. La réhabilitation du marché sur la place du village s’accompagne de la réalisation d’un multiple réalisé en partenariat avec le CNEAI=. Il s’agit d’une boîte de rationnement évoquant celles du front. Dépliable, elle peut être exposée au mur. Elle est réalisée en 31 exemplaires. Comme sur les boites de survie, l’artiste place un coup de tampon rouge sur chaque boîte pour y inscrire le titre.
R.C.I (Ration de Campagne Individualisée) est une boite en carton dépliable en édition limitée contenant une impression en quadri ainsi que des produits glanés sur le marché de Lacapelle- Biron (Lot-et-Garonne) : des pruneaux bio de la région, du pâté de canard, un carnet de notes fait main sur mesure par la libraire du village, du pollen ramassé dans la région et une fiole d’eau de vie, des « biscuits de guerre » fabriqués par BAG_Bakery Art Gallery.
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« S.A.I.P. » (Système d’Alerte et d’Information aux populations), sirène de camp militaire allemand et couvertures, 160 x 160 x 200 cm, 2018.
Vue de l’exposition « O.K.L.M. » (Au Calme), Château de Servière, Marseille, 2018. © Jc Lett.
S.A.I.P. (SYSTÈME D’ALERTE ET D’INFORMATION DE LA POPULATION) 2018
« Nicolas Daubanes nous invite ici au repos. Ce repos qui s’impose à celui ou celle qui se retrouve loin de toute contrainte quotidienne. Il a vu cette parenthèse comme une mise en sourdine trop courte qui n’efface rien des angoisses, mais qui les transformeraient plutôt en bombe à retardement. Il y répond logiquement par une installation potentiellement explosive, comme pourrait l’être le retour à une vie dite normale. Une sirène militaire trouvée dans un surplus d’armée et réparée clandestinement côtoie des dessins de paysages dénués de toute présence humaine, réalisés sur des plaques de verre avec une poudre de métal projetée. Sur le sol de l’exposition des centaines de couvertures militaires, généralement amassées dans des situations d’urgence, sont prêtes à être utilisées. La sirène est branchée, et pourrait être activée à tout moment, malgré l’interdiction d’utilisation dont elle est frappée. Les dommages qu’elle pourrait causer en raison de sa puissance menacent de faire exploser les paysages sur verre contemplés longuement depuis l’hôtel. La mise à distance de l’anxiété du monde contemporain, son stress, a été pensé comme un cri que l’on étouffe ; cri que l’artiste compte raviver à la fin du PAC en activant la sirène après l’avoir ceinturée de couvertures. »
Extrait du Texte de Nathalie Desmet pour ESSE : Printemps de l’art contemporain, Marseille, 2018
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