« En janvier 2023, j’ai fait l’acquisition d’un appareil miniature. Un jouet, semble-t-il, mais un bijou nommé Minox Classic Leica M3 fabriqué en 2005. Largeur : 7 cm. Hauteur : 4,7 cm et poids : 110 grammes. Son ancienneté en fait un fragile rebelle à la haute technologie. Je venais d’exposer la série « Trop tard », un certain regard sur la fin des mondes. Fin des illusions, fin d’une terre en souffrance, fin de l’insouciance, nature morte aux beautés de fanaison. La sobriété guettait en réponse à ces finitudes. L’intelligence artificielle commençait à roder, les milliards de pixels produisaient par jour des milliards d’images dans le monde. Comment poursuivre la fulgurante pensée de Walter Benjamin pour qui, une image serait « un missile projeté sur le spectateur ». Lui qui a tant réfléchi sur la relation entre la technique et l’art.Et se souvenir de Chris Marker qui disait : « La photo, c’est la chasse, c’est l’instinct de chasse sans l’envie de tuer. C’est la chasse des anges… On traque, on vise, on tire, et Clac ! Au lieu d’un mort, on fait un éternel ».
Alors cette année-là, je décidais que le Minox minus serait le complice du chasseur.
Ce boitier, aux fichiers numériques déglingués, au retard de déclenchement frôlant le ridicule (il admet deux secondes à se décider avant de dégainer), au cadrage aléatoire et aux déformations indignes, m’ a accompagné durant 2023 quotidiennement. Ce fut un instrument de capture photographique , fidèle, discret, obtus et râleur mais toujours surprenant. On lui pardonne presque tout. Ne pas avoir la main, faire avec peu et petit, retrouver le jeu et le pari serait donc le propos de cette série. Le mini Leica a tenu ses promesses, solide,pas d’abandon, juste une quête d’image. Un compagnonnage loin du progrès, en toute discrétion. »
Christophe Airaud
Christophe Airaud est un photographe français qui a débuté sa carrière professionnelle à la fin des années 1980, collaborant en tant que freelance pour des médias comme Libération, L’Humanité et Sud-Ouest. Pendant cette période, il a également exposé ses œuvres à Bordeaux, notamment lors d’une exposition conjointe avec C. Bourgeyx.
En 1990, il s’éloigne de la photographie pour se consacrer au journalisme et travaille aujourd’hui comme grand reporter pour Franceinfo Culture. À partir de 2016, il revient à la photographie et présente plusieurs expositions à la Galerie Rastoll à Paris ainsi qu’à La Place des Photographes à Arles. Parmi ses séries les plus remarquées figurent Disparition(S), Tombé du Ciel et Suerte. Il est actuellement représenté par la Galerie Rastoll à Paris.
ANAÏS TONDEUR
Tchernobyl Herbarium
Un Parfum // La Nuit
du 14.03 au 10.05__2025
Vernissage le vendredi 14 mars de 18h à 21h
À l’occasion de la deuxième exposition d’Anaïs Tondeur à la Bakery Art Gallery pour le mois de la photographie à Bordeaux, l’artiste a choisi de célébrer un anniversaire. Le 26 avril 1986, à 1h23 minutes et 44 secondes, un test de puissance à la centrale de Tchernobyl tourne à la catastrophe. Le cœur du réacteur n°4 explose, laissant s’échapper un nuage de particules radioactives dans l’atmosphère.
Ce projet est composé d’un rayogramme par année passée, 39 depuis l’explosion, créé par l’empreinte directe de spécimens d’un herbarium radioactif sur des plaques photosensibles. Ces végétaux furent au préalable cultivés dans le sol de la Zone d’Exclusion par l’équipe du bio-généticien Martin Hajduch qui étudie les conséquences de la radioactivité sur la flore dans les zones fortement irradiées autour de la centrale. Cet ensemble a été présenté à la MEP à Paris (Maison Européenne de la Photographie) en 2023.
Dans le project space sera présentée une nouvelle version de Un parfum / La Nuit. Ce projet rassemble les éléments d’une enquête développée sur les traces d’un parfum, rencontré en rêve. En collaboration avec la célèbre Nez Vanina Muracciole, Anaïs Tondeur a pisté ce souffle parmi les arbres centenaires de l’Arboretum Vilmorin (1815) dans le sud de Paris. Association de l’olfaction et de l’image, les 15 portraits de plantes réalisés à la lumière de la pleine lune sont accompagnés d’hypothèses olfactives cherchant à se rapprocher du parfum du rêve.
Anaïs Tondeur est née en 1985. Elle travaille et vit à Paris.
Dans une démarche ancrée dans la pensée écologique, Anaïs Tondeur est engagée dans une pratique interdisciplinaire par laquelle elle explore de nouvelles façons de raconter le monde, porteuses de transformations de notre relation aux autres, au vivant et aux grands cycles de la terre.
Composant une forme de laboratoire des attentions, elle développe ainsi un travail par l’enquête et la fiction, présentées sous forme de marches, d’installations, de photographies ou de protocoles associés à l’alchimie. Elle interroge, à travers les mondes qui implosent, les interdépendances profondes qui relient nos existences humaines à la trame du vivant, par un travail de l’image développé dans un mode de production le plus en lien et en respect possible avec les milieux de vies, et cela, au moyen de protocoles photographiques, d’expériences sensibles ou de récits spéculatifs, présentés sous forme d’installations ou d’arpentages collectifs.
Avec le partenariat d’Another Way Film Festival
EXPOSITIONS PERSONNELLES –
Selection
2025 – Bakery Art Gallery
2025 – Flowers of fire, Spot Home Gallery, Naples
2025 – Fleurs de Feux, Stimultania, Strasbourg
2024 – Là où l’espoir bourgeonne encore & Le Parlement
des Nuages, Bruno Moinard Éditions , Paris
2024 – Quand le monde était rire, Bibliothèque de l’Hôtel
de l’Industrie, Paris,
2023 – 240 millions d’années et un jour, Natural History
Museum, Neuchâtel
2023 – Un pli du bord du monde, Musée de la Poste, Paris
2023 – The Sky in Us, BAG_Bakery Art Gallery, Bordeaux
2023 – Là où l’espoir bourgeonne encore, Science de l’art,
Exploradôme, Vitry
2022 – Tchernobyl Herbarium, Spot Home Gallery, Naples
2021 – Êtres exposés, CAIRN,
2021 – Un Parfum, la nuit, Curator: Emmanuelle de
l’Eccotais, Photo Days, We Are, Paris
2021 – Lorsque le monde était rire, Science de l’art,
Orangerie, Verrières-le-Buisson
2019 – Paris flotte-t-il ?, Musée des Arts et Métiers, Paris
2018 – Pétrichor, Centre Tignous d’Art Contemporain,
Montreuil
2017 – Nuit des Musées, Centre Pompidou, Paris
2017 – Chernobyl Herbarium, Fondation Cristina Enea,
San Sebastián
2016 – Chernobyl Herbarium, JRC, European Commission,, Brusels & Ispra
2015 – Dryades, ArtCop21, Université Pierre & Marie
Curie, Paris
EXPOSITIONS COLLECTIVES –
Selection
2025 – Lire le ciel, Mucem – Musée des civilisations de
l’Europe et de la Méditerranée, Marseille, FR
2025 – Mörk Флора, Jonkoping, SE
2025 – LUMEN, 2km4, SIANA, Plateau de Saclay, FR
2025 – (Faire) face au nucléaire, Le Delta, Namur, BE
2024 – Science/Fiction – Une non-histoire des Plantes,
Maison Européenne de la Photographie, Paris, FR
2024 – Verspielt ?, Palmengarten, Frankfurt, DE
2024 – Mondes en commun, festival de photographie
contemporaine en partenariat avec l’Association des Amis du Musée départemental Albert-Kahn, Musée
départemental Albert-Kahn, Boulogne-Billancourt, FR
2024 – French Photography Today : A new vision of reality, Sungkok Art Museum, Seoul, CD
2024 – Coalition, Gaité Lyrique, Paris, FR
2023 – Mining Photography, Gewerbe Museum Winterthur, Winterthur, CH
2023 – Cruel Radiance, Backlight Photo Festival, Finland
2023 – The art as a Thorouhfare, Wuhan Biennale, CN
2023 – Carbon, Science Gallery, Bengalore, IN
2022 – Art of Change 21, ArtParis, Paris, FR
2022 – Rebirth, Choi Center, Beijing, CN
2022 – Botanischer Wahnsinn, Plant-Thinking In
Contemporary Art, Kröller-Müller Museum, NL
2022 – Cosmogonies II. Devenir Fleurs, MAMAC, Nice, FR
2022 – Flowers_Blumen in der Kunst des 20 und 21
Jahrhunderts, Museum Ostwall, Dortmund, DE
AWARDS/PRIX
– Mention spéciale 2024 du Prix des Amis du musée Albert-Kahn (2024)
– Prix RPBB 2024 des Rencontres Photographiques de Boulogne-Billancourt (2024)
– MIRA « Mobilité Internationale de Recherche Artistique », Institut français (2023)
– Prix Photographie & Sciences (2023)
– Candidate au Prix Niépce Gens d’images (2023)
– Prix Partage ton Grand Paris (2022)
– Prix Arts of Change (2021)
– Prix Ars Electronica, Live Art and Cyber Arts, Honorary Mention (2019)
– Finalist Prix Coal (2017)
– Ars Electronica, Art @ Science @ESO Honorary Mention (2015)
– Finalist Talents Contemporains Fondation François Schneider (2014 & 2013)
– Bourse Arcadi (2012)