25.03___________20.06
SPRING !
Comme pour la boulangerie, la saisonnalité est au cœur du projet de BAG. Pour ce printemps 2021, nous lançons SPRING! une saison mêlant rencontres, ateliers et projection qui accompagnent l’exposition Nature Blow&space, le souffle de la nature et de l’espace.
Familièrement, en anglais, « Nature Blow » signifie l’évacuation des voies nasales par un souffle violant ! Imaginez un coureur du Marathon vidant son nez pour reprendre sa respiration pendant l’effort. Une métaphore de l’humanité prise dans la course contre la montre du réchauffement climatique.
SPRING! porte l’idée de renaissance, d‘un temps nécessaire de récupération, physique et spatiale. Les quatre femmes réunies sont engagées et résilientes. Elles retrouvent la notion d’espace au cœur du souffle naturel du vent, des siffleurs, des fragrances des polders et du sfumato des ciels pollués des grandes villes du monde.
Nature Blow&space présente les œuvres d‘Adélaïde Fériot, Nuit Lavande, 2019 rideau de soie aux couleurs récemment montrée au Palais de Tokyo, Les siffleurs (Lucette) de Marion Laborde, poème sifflé par des bergers béarnais en Vallée d’Ossau, Eau de Polder – l‘Essence de Mastenbroek de Birthe Leemeijer, œuvre olfactive, Sarah Trouche. Le toucher, la vue, l’odorat, l’ouïe sont convoqués. Le goût sera produit par le laboratoire de boulangerie biologique de BAG.
En partenariat avec le Goethe Institut de Bordeaux, une rencontre avec Robert Fleck autour de l’œuvre de Joseph Beuys et une projection du documentaire BEUYS d‘Andres Veiel vont prochainement avoir lieu. Les dates sont encore à définir. Marmorhaus, 2011 de Wolfgang Laib (courtesy Thaddeus Ropac)
Adélaïde Fériot
Nuit Lavande, Adélaïde Fériot, Palais de Tokyo, 2020
Adélaïde Fériot (Libourne, 1985) s’intéresse au temps, à la perception, aux conditions d’apparition d’une image. Son travail s’organise principalement autour de tableaux vivants.
Lors de sa résidence au Palais de Tokyo à l’automne 2019, l’artiste a présenté l’exposition Avaler l’Horizon, comme la capture sensible d’une saison qui s’éteint, d’un dernier coucher de soleil sur le monde. Nuit lavande (Lavander night) prend les couleurs d’un ciel violet de fin de journée trop chaude, comme ceux que l’on peut observer dans les grandes villes au mois de septembre. Des bandes de soie horizontales, teintées avec des baies de fin d’été, de l’encre de seiche et du bleu de méthylène, encapsulent ces couleurs de ciels pollués, à la fois fascinants et inquiétants : des violets, des bleus, du smog. Un texte décrivant un paysage doublé d’une scène amoureuse dans cette atmosphère lourde court au dos de la pièce et en détermine la longueur. Une œuvre qui aborde le rapport de l’homme à son environnement, l’inquiétante beauté des changements qu’il observe, de l’air qui se raréfie, et la manière dont nous sommes interconnectés à chaque élément. Un simple souffle l’agite.
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Marion Laborde
Le dénominateur commun des travaux de Marion Laborde (Pau, 1994), jeune artiste diplômée des Beaux-Arts de Pau-Tarbes et Tourcoing est la poésie, retranscrite comme des témoignages de modes de vie et des traditions qui tendent à disparaître (gens du voyage, langue vernaculaire…). Des œuvres empreintes de sensibilité et de bienveillance qui mettent en lumière des personnages à la marge, trop souvent délaissés…
« Les siffleurs » est une œuvre sonore inspirée de Lucette, résidente en maison de retraite à Pau, âgée de 80 ans. Ancienne professeure de français, Lucette rédige des poèmes depuis toujours où elle parle d’odeur, d’évasion – ici, elle rêve de son jardin d’enfance au Maroc. Marion Laborde spatialise le poème, trouve un moyen de le faire respirer grâce aux siffleurs d’Aas, deux fils bergers béarnais qui perpétuent le langage sifflé, moyen de communication ancestral utilisé d’une vallée à l’autre pour partager. Les mots de Lucette prennent la légèreté du chant des oiseaux, se fondent dans l’espace, épousent sa forme, lui donnent forme.
Birthe Leemeijer
Birthe Leemeijer (Amsterdam, 1972) est une artiste néerlandaise qui s’intéresse à la capture de signaux cruciaux d’un lieu ou d’une situation particulière qu’elle remet en question de manière approfondie puis qu’elle retranscrit sous diverses formes, olfactives ou visuelles. Ce processus donne naissance à une image tangible, un objet ou une histoire. Son travail est généralement réalisé dans un lieu spécifique. L’Essence de Mastenbroek est le résultat d’une quête visant à découvrir le polder de Mastenbroek sous sa forme la plus concentrée. Le parfum vise à évoquer les différents degrés de la vie dans le polder de Mastenbroek.
Elle a invité les habitants du polder néerlandais de Mastenbroek – principalement des producteurs laitiers qui vivent et travaillent dans le polder depuis des générations – à se porter volontaires et à participer au Club de l’Essence. En tant que membres de ce club, ils ont trouvé les éléments essentiels qui constituent le parfum L’Essence de Mastenbroek.
Depuis son lancement en 2005, ce parfum a été vendu dans le monde entier. Ce polder fluide a voyagé jusqu’aux confins de la planète et s’est mêlé aux paysages mondiaux, aux désirs et même aux souvenirs d’individus et de communautés qui n’ont jamais mis les pieds à Mastenbroek.
Sarah Trouche (Bordeaux, 1983) est, diplômée des Beaux-Arts de Paris. Son travail s’articule autour de voyages et d’expéditions qui l’amènent à la rencontre de groupes allant de la microsociété aux sociétés mondialisées. Elle mène une réflexion critique révélant les anomalies, les ambiguïtés et contradictions sociales et politiques qui s’y développent. Ses médiums vont de la performance à la photographie et la vidéo.
Aral Revival est un projet artistique engagé pour la reconnaissance et la sauvegarde de la mer d’Aral au Kazakhstan, asséchée par les bolchéviques en 1918 afin d’engager un programme intensif de culture du coton au Kazakhstan et en Ouzbékistan. La performance a été réalisée en 2013 à Aralsk, ville anciennement côtière, aujourd’hui isolée au milieu des steppes Kazakh. L’action se déroule par jour de grand vent sur le toit d’une des centaines d’épaves rouillées qui jonchent les steppes en lieu et place de l’ancienne mer.
L’artiste, nue et peinte intégralement en bleu, porte deux immenses drapeaux attachés à ses avant-bras dont les couleurs reprennent celles du Kazakhstan. Pour l’occasion, ils simulent les pavillons du code international de la marine utilisé pour communiquer par sémaphore (“J’ai besoin d’un pilote“), contradiction d’une humanité capable de détruire la nature en tentant “contre vents et marées“ d’y conserver une place.
Sarah Trouche
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